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DEA Histoire et Philosophie des Sciences UFR 10 - Paris I Sorbonne

LES AUTOMATES CELLULAIRES : VERS UNE NOUVELLE EPISTEMOLOGIE ?

Mémoire de D.E.A - Sous la direction de M. Jean Mosconi - Septembre 2001

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Résumé :

La première partie du mémoire dresse un aperçu historique de la constitution d'un champ de recherche. En partant des travaux originels d'Ulam et von Neumann (1950), nous expliquons comment la problématique de la réalisation d'une machine auto-reproductible a constitué l'acte de naissance des automates cellulaires.  Ce modèle de calcul se fonde sur l'utilisation d'un espace discret dans lequel des descriptions simples et locales permettent d'obtenir un comportement global ``complexe''. Ce passage entre la simplicité locale et la complexité globale s'illustre bien dans le cas du ``Jeu de la vie'', introduit par Conway (1970). En effet, malgré la simplicité des règles qui le définissent, il fait apparaître de nombreux phénomènes imprévisibles, qui sont a priori difficilement obtenues par des méthodes analytiques classiques. A partir des travaux de Wolfram (1984), les études de règles se généralisent ; nous décrivons comment certains travaux importants permettent la constitution d'un nouveau champ de recherche.

La seconde partie du mémoire est consacrée à l'étude de la théorie sous un angle plus formel. Sans entrer dans des développements trop techniques, nous expliquons les définitions de base afin de préciser les concepts utilisés. Nous nous intéressons particulièrement à la façon dont on définit la ``transmission de l'information''; ainsi que les notions de calculabilité et constructibilité universelle. Nous abordons alors l'étude des problèmes fondamentaux : celui, non encore résolu à ce jour, de la classification des automates cellulaires et celui de l'hypothèse dite "bord du chaos": les règles "complexes" (intéressantes) se situeraient entre les règles périodiques (simples) et les règles chaotiques (trop imprévisibles).

C'est dans la troisième partie du mémoire que nous posons les questions de philosophie des sciences en rapport avec le domaine des automates cellulaires. Nous commençons par étudier les liens avec la physique et l'activité de modélisation : Quelle est l'importance de la symétrie ? Quels sont les rapports avec les flux d'informations ? Quels sont les avantages et les limites des modèles discrets par rapport aux modèles continus ? Nous étudions en particulier une thèse originale de Toffoli, qui donne la primauté du discret sur le continu.

Les rapports avec la biologie sont étudiés en examinant quelles sont les analogies possibles entre le modèle théorique d'auto-reproduction et le phénomène de division cellulaire.
Nous montrons que l'utilisation de modèles logiques permet de poser des questions claires
et d'y répondre dans la mesure où l'on accepte que les hypothèses du modèle.
Pour aller plus loin, nous essayons d'aborder sous un angle particulier la question fondamentale : "Qu'est ce que la vie ?''.

Cette problématique débouche sur l'étude du problème de l'utilisation du réductionnisme et de l'émergence en sciences.
On constate par exemple que, dans le contexte de ``mondes possibles'' de Leibniz, il devient possible d'affirmer que la loi dite de la sélection naturelle (Darwin) est un exemple type de phénomène émergent.  De tels résultats invitent à l'examen du concept même de loi (Hempel, von Fraassen) et permet de poser la question de la morphogenèse : "Comment, partant d'une univers isotrope, indifférencié, peut-on parvenir à faire apparaître des formes ?".

Pour conclure, nous montrons que, d'une certaine façon, les automates cellulaires invitent à transposer au domaine informatique un questionnement philosophique qui était jusque-là réservé aux mathématiques : celui de savoir dans quelle mesure les phénomènes de la nature obéissent à des lois formelles.


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